Fanny Gelly, une artiste plasticienne aux multiples facettes

 

A travers ses oeuvres multiples, Fanny nous partage sa vision de la femme en s'inspirant tantôt d'images iconiques, tantôt religieuses. Elle nous livre des créations autobiographiques dans lesquelles elle peut exprimer ses émotions et sentiments à chaque étape de sa vie.

Fanny Gelly Art

C’était quoi tes rêves de petite fille ?

Je m’en suis rappelé récemment... Je crois que je fais à peu près ce dont je rêvais quand j’étais petite. J’habitais dans un petit village d’agriculteurs et je voulais peindre et faire des expos sur la place de ce village. Et je voulais être maitresse le jour et artiste le soir parce que j’avais bien compris qu’une vie de femme était sur deux parties de la journée.

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Fanny, peux-tu nous raconter un peu ton parcours ?

Quand j’étais petite, mon père était très doué en dessin et comme toutes les filles j’étais en admiration devant lui. Alors j’ai décidé d’apprendre le dessin pour qu’il soit fière de moi. J’ai vite compris que je n’avais pas son talent et sa facilité alors j’ai beaucoup travaillé pour arriver à son niveau. J’ai fait un bac L art et licence d’arts plastiques et après j’ai enchaîné sur des études d’architecture. A la fin du cursus d’archi, j’ai gagné un concours avec 2 amis et ça nous a vraiment lancé. J'ai mis l’art de côté et on a créé un cabinet qui a super bien marché dès le début. Tout s’est enchaîné facilement et je me sentais trop sur des rails pour mon jeune âge. j’avais besoin de me mettre un peu en danger. Alors j’ai tout planté pour partir au Mexique et c’est à ce moment là que je me suis remis à peindre. Je ne parlais pas l’espagnol et du coup je n’avais pas d’autres moyens de m’exprimer que de créer. On avait un appart hyper cool en plein Mexico avec une pièce en toit-terrasse dédiée au linge dans laquelle j’ai installé mon atelier.

Exposition Fanny Gelly Art

Quand as-tu vendu ta première oeuvre ?

Au Mexique, j’ai commencé à dessiner une expo que j’avais en tête sur mon carnet de croquis. Et là bas je ressentais une grande liberté de création. Alors j’ai eu envie de présenter mon travail à une galerie. Et quand je les ai rencontré, ils ont tout de suite aimé mon travail et m’ont dit “On a une place dans 9 mois pour t’exposer, est-ce que tu seras prête ?” et j’ai dit ok et il a fallu que je produise à fond. Mon sujet était déjà les femmes. Je faisais des vagins en tissu et je peignais des corps et réalisais des collages pour interroger la recherche originelle du monde. Et c’est lors du vernissage de cette expo que j’ai vendu ma première œuvre. Je ne m’y attendais pas du tout, c’était complètement fou ! Comme c’était ma première expo pour moi l’aboutissement était déjà de montrer mon travail et non pas de vendre.

Et après le Mexique?

15 jours après avoir vendu ma première œuvre, je suis rentrée en France et je suis tombée enceinte quelques mois après. Je me suis consacrée à mon enfant avec cette impression d’avoir accompli quelque chose dans l’art. Je ressentais donc moins le besoin de continuer dans cette voie. J’ai alors cherché un boulot stable et je suis devenue prof d’art dans un lycée pro. C’était très gratifiant de partager et de transmettre à des élèves. J’ai fait ça pendant 5 ans et je me suis régalée.

Le 1er confinement a été un déclencheur pour arrêter et reprendre mon travail d’artiste. J’ai eu des commandes dès le début grâce à mon compte insta. Et maintenant le bouche à oreilles continue à me permettre de vendre. 

Fanny Gelly art plasticienne

@credit photo Nancy Ponthus

Quel est ton processus de création ?

J’ai toujours mon carnet de croquis sur moi et je commence à gribouiller un truc. Mes projets vivent rarement seuls. Ils sont toujours articulés les uns aux autres.  Je fonctionne par série. Après j’ai un temps long de conception et d’expérimentation pour aboutir à l'œuvre finale. Je m’impose souvent une routine de création chaque jour pour produire de façon régulière. c’est une gymnastique à mettre en place pour être productive.

Avant l'apparition des réseaux sociaux, je ne montrais rien avant d’avoir fini. Aujourd'hui c’est différent, on est obligé de partager pour exister. Ce qui me frustre le plus dans ma créativité, c’est l’attente que le monde de l’art a : il faut toujours garder une cohérence entre ce que tu faisais avant, ce que tu fais maintenant et ce que tu feras. Ça rassure les gens de te mettre dans une case et de te reconnaître systématiquement dans ce que tu produis. Mais moi je ne suis pas la même personne qu’il y a 7 ans et je fais évoluer mon art avec celle que je suis.

peinture femme Fanny Gelly art

Pourquoi tu peins des femmes ?

Je pense qu’il y a une recherche autobiographique, je cherche un miroir. Peut-être pas moi directement mais surement la position de la femme dans une relation. Mes tableaux sont souvent des femmes seules. Il y a une quête identitaire. Et quand il y a deux personnages, cela évoque la connexion et l’union entre ces deux identités. Mon travail ne parle pas de dualité intérieur mais plutôt de sérénité. Il reflète la stabilité et mon ancrage actuel. Mes créations sont beaucoup plus positives qu’avant et je veux rester dans ce ressenti.J’ai longtemps eu l’impression que pour créer quelque chose d’intéressant, il fallait être dans la noirceur. Il est admis que l’artiste doit être torturé pour être créatif. Et aujourd’hui j’ai réussi à dépasser ça. 

Quelles sont tes inspirations ?

Louise Bourgeois quand j'étais jeune parce qu’elle a ce côté polymorphe dans le travail qui m’a toujours fasciné.. Dans le trait de pinceau, je me suis beaucoup inspirée de Cocteau et Picasso. Je regarde aussi beaucoup de choses sur Instagram  aussi pour m'inspirer. Après, je remixe pour faire quelque chose qui me ressemble. Mais après quand tu regardes trop le travail des autres ça te crée aussi des complexes.

Faire des expos et montrer ton travail te permet de confronter au regard d’autres artistes. Ça change de ta famille qui pense que tu es un génie. Je suis très contente que ma famille me soutienne mais je n'arrive pas à leur donner du crédit parce qu'ils ne sont pa du milieu.

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Ton mantra ?

« A force de paraître on fini par être ». Je me répète toujours cette phrase qui marche aussi bien comme un avertissement lorsqu’on est sur la mauvaise pente que comme un encouragement lorsqu’on tend à autre chose.

 

Retrouvez Fanny Gelly art sur Instagram : 





 

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